Alba MOSCATO* – Docteur en Psychologie, Psychologue Clinicienne. Chargée de cours, Université Toulouse Jean Jaurès, France – Laboratoire de Psychopathologie et Processus de Santé (LPPS), Institut Universitaire Paris Descartes de Psychologie. France.
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Isabelle VARESCON – Professeur en Psychologie. Laboratoire de Psychopathologie et Processus de Santé (LPPS), Institut Universitaire Paris Descartes de Psychologie. France.
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*Auteur correspondant
Résumé
Peu d’études à notre connaissance, ont révélé le vécu des familles et des professionnels accompagnant des personnes âgées présentant des conduites de mésusages d’alcool. En entrant dans le groupe familial, les aides à domicile lèvent le voile sur une problématique alcoolique souvent ancienne et supportée par la plupart des familles dans le silence, avec culpabilité voire résignation ou honte. Ainsi, dans l’intime de la famille, elle suscitera la libération d’une palette de comportements familiaux inconscients allant de la demande de réparation de l’âgé à la prise de distance plus ou moins conséquente vis-à-vis de l’aîné.Par ailleurs, en feignant de projeter la responsabilité des difficultés vécues depuis longtemps sur la nouvelle venue, les familles s’autorisent à faire un choix de la relation ou de la place qu’elles veulent occuper vis-à-vis de leur parent.Aussi, contraintes par les familles, les aidantes professionnelles côtoieraient si fidèlement et intimement les bénéficiaires, même au-delà des familiers, qu’elles ressentiraient le besoin de se considérer comme un substitut parental présent et permanent contre les manifestations des conduites d’alcoolisation de l’âgé. L’investissement personnel et professionnel dont elles font preuve se maintiendrait en raison du sens qu’elles attribuent à leur travailet à l’indispensabilité dont elles s’affublent où, les intimes personnelles familiaux et ceux des professionnels se mêleraient à la relation favorisant ainsi l’ambigüité des rôles induisant un bouleversement des repères identificatoires de soi et de l’autre, une confusion des rôles.
Mots clés : Vieillissement – conduites d’alcoolisation – aides à domicile – substituts parentaux – familialisation.
Introduction
Platon proposait d’interdire le vin aux jeunes gens et de le recommander aux vieillards, pour « adoucir la rudesse de la vieillesse ». Aujourd’hui le regard que nous portons sur les personnes âgées qui s’alcoolisent n’est plus d’un abord si complaisant.
Les conduites d’alcoolisation de la vieillesse sont encore un phénomène peu connu en France. Les efforts de santé publique en termes de prévention et de traitement se sont cristallisés sur des populations plus jeunes, laissant sur le bord du chemin les ainés. Le vécu des familles et des professionnels face à ces deux dépendances dues à la fois par l’âge et les conduites d’alcoolisation, est complexeet dans cet article, sera développé ce sujet.
Les conduites d’alcoolisation de l’âgé
- Quelques données
Le maintien des prévalences du mésusage d’alcool avec l’âge ou même leur accroissementamène à retenir des chiffres pour des populations générales de plus de 65 ans, entre 1 et 16% (voire 25%),souvent énoncés autour de 10%, comme chez l’adulte, s’élevant en établissement pour personnes âgées autour de 20% (Crome, Ting-Kai, Rao&Wu, 2012 ; Beck &Richard, 2013).
Le nombre d’hommes se développe mais se sont surtout les femmes âgées présentant des troubles liés à l’usage de substances psychoactives qui progressent, allant jusqu’à annoncer leur doublement probable entre 2000 et 2020 aux Etats-Unis, et reprendre à son sujet le terme de « tsunami argent »(Epstein, Fisher-Elber &Al-Otaiba, 2007 ; Han, Gfoerre, Colliver &Penne, 2009 ; Kuerbis, Hagman &Sacco, 2013).
Cet essor a d’abord été relié au vieillissement des générations du baby-boom, qui ont des habitudes de consommations et des facilités d’accès à de substances psychoactives vis-à-vis des générations antérieures(Wang, Andrade, 2013 ; Kuerbis, Sacco, Blazer& Moore, 2014).
Cependant, la méconnaissance ou la négligence des situations de mésusage d’alcool parmi les personnes âgées, prévaut, amenant à vouloir favoriser leur reconnaissance, développer les modalités de repérage, face à ceux qui ont pu être qualifiés d’invisibles addictés1.
- Des formes d’alcoolisation à débuts précoces ou tardifs
Des formes à débuts précoces ou tardifs détaillent des personnes respectivement qualifiées de survivants (survivors) ou de réactionnels / secondaires (reactors) (Cristie, Bamber, Powell et al., 2013). Les formes à début précoce, débuteraient très tôt dans l’âge et vieilliraient avec les sujets. Les formes à début tardifs représenteraient au moins un tiers des situations et jusqu’à moitié des sujets accédant à des soins.
Ces derniers auraient de meilleures propensions à accéder à des soins et un meilleur pronostic(SFA-SFGG, 2014). Une troisième option qui est considérée comme intermittente par les Anglo-saxons (IAS, 2013), est celle d’une pratique addictive avec l’alcool active pendant quelques années ou décennies puis mise en rémission pendant une période parfois prolongée et réactiver dans la vieillesse (Clément &Bourlot, 1999).
Au-delà de la rareté des études relatant des troubles induits par l’utilisation inadaptée de l’alcool pour le sujet vieillissant, celles exposant du vécu des familles et des professionnels accompagnant ces âgés, le sont plus encore.
La vulnérabilité des aidants et des professionnels de l’accompagnement
De nombreux travaux relatant de lavulnérabilité et de la souffrance des aidants dans l’accompagnement des personnes âgées présentant des maladies neurodégénératives ont été publiées. Peu d’études à notre connaissance, ont révélé le vécu des familles et des professionnels accompagnant des personnes âgées présentant des conduites de mésusages d’alcool.
Dans l’espace intime qu’est le domicile ou l’institution, le climat relationnel dépendra de l’histoire et du vécu de chacun vis-à-vis du produit alcool mais aussi, du vieillissement. Pour illustrer ce qui se vit dans ces lieux de vie, nous traiterons dans cet article, le vécu des professionnels au sein du domicile de la personne âgéeet les conséquences de ces interventions au sein de la famille.
Le vécu des aides à domicile autour d’aînés présentant des mésusages d’alcool
L’isolement professionnel et le statut professionnel généralement précaire placent les professionnelles de l’aide à domicile dans une situation à la fois privilégiée et paradoxalement contraignante auprès de la personne et de sa famille (Ennuyer, 2003). En voulant accompagner au mieux l’ainé, elles sont amenées à adopter des attitudes ou des comportements plus ou moins adaptés les soutenantdevant l’ingérence qu’elles provoquent en entrant dans le domicile. En découvrant l’impensable, un âgé qui boit, elles confient être les premières à mettre au jour les consommations abusives d’alcool chez les personnes âgées et soulignent que l’intrusion induite par la fréquence de leur passage accroît l’angoisse des personnes âgées que ces dernières apaisent en buvant(Mollard, 2005). Pour d’autres, entrer dans le domicile, les conduit dans un jeu de confusion de rôle plus ou moins conscient avec la personne âgée, dans un télescopage d’identifications induisant une demande de maternage doublée d’une empathie complice (Dibié-Racoupeau, Estingoy &Chavane, 2003). Ainsi, il est facile de comprendre que dans leur tourment, elles sont amenées à avoir des comportements ambivalents s’opposant à leur métier. Nous citerons un exemple qui en est la parfaitement illustration : elles sont nombreuses à rapporter de l’alcool dans les courses ménagères. Elles argumentent souvent leurs gestes, en mettant en avant l’avancé en âge de la personne et les derniers plaisirs qui lui sont nécessaires à cette étape de vie. Ce n’est pas sans nous rappeler Platon qui préconisait d’interdire l’alcool pour la jeunesse et la recommander aux vieillards pour adoucir les durs méfaits du vieillissement.
Mais, en entrant dans le groupe familial, elles lèvent également le voile sur une problématique alcoolique souvent ancienne et supportée par la plupart des familles dans le silence, avec culpabilité voire résignation ou honte mais qui permet aux proches, malgré les réticences pour la mise en place d’accompagnements professionnels,de pouvoir se restaurer narcissiquement (Moscato &Varescon, 2015). Les conduites d’alcoolisation ont souvent des conséquences qui deviennent organisatrices relationnelles de la structure familiale. Elles génèrent des règles, des rôles, des patterns relationnels intrafamiliaux et des relations spécifiques avec l’environnement social. Le but prioritaire implicite de celles-ci devient la conservation par le buveur du lien privilégié qu’il a établi avec l’usage de l’alcool et le maintien du contrôle de son environnement familial. Parmi ces règles sont citées les règles de la minimisation, du silence, de l’isolement et la métarègle de rigidité (Croissant, 2004). La minimisation est une contribution occultante mise en place par les deux parents et parfois, par la famille elle-même qui impose à chaque membre une désintrication de l’émotionnel et de la réalité des conduites d’alcoolisation. La dénégation qui en est principal mécanisme est souvent alimentée par ce même procédé défensif de l’alcoolique et de son conjoint (Menecier et al., 2016). Pour pouvoir supporter la réalité, la famille se persuade qu’il faut croire que c’est moins grave que ce qu’il sait ou que ce qu’il voit réellement et ceci, par crainte de perdre l’amour des membres du groupe familial (Chayer &Moreau, 2004). Ce faisant, ils se dépossèdent du lien de confiance lié à leur esprit et à leurs intuitions et « ne plus sentir » devient alors, une clé pour masquer la réalité (Croissant, 2004). La règle du silence est une conséquence des pressions familiales et reste l’objectif du buveur. « Ne rien dire », c’est lui permettre de maintenir son lien privilégié avec les effets du produit et les fonctions psychiques que l’alcool remplit. L’entourage est ainsi tenu tout en ressentant de la peur de se tromper et de communiquer sur la réalité du fait de l’invalidité de ce qu’il ressent (Erice &Lavaque, 2010). La règle de l’isolement est induite par la précédente et consiste à ne pas partager ses ressentis. Elle génère une rupture des liens intrafamiliaux par l’absence de solidarité fraternelle familiale tout en laissant la place au fil du temps à de nombreuses coalitions intergénérationnelles. La métarègle de rigidité impose un caractère durable aux trois premières en perdurant dans le temps et en renforçant la fermeture du système sur lui-même. Dans ce fonctionnement familial, chaque membre contribue au maintien du contrôle du buveur sur le système en ne nommant pas leurs besoins, en restant isolé, en faisant silence sur les conséquences des épisodes de prises de boisson (Erice &Lavaque, 2010). C’est également la mise en place de construction de contre-attitudes négatives qui consiste à cacher les bouteilles, à boire avec le buveur, à s’organiser pour rentrer tard le soir afin de ne pas le voir…Ces règles de dynamiques familiales s’inscrivent dans une alliance inconsciente entre les membres et qui donnent lieu à un pacte dont Kaës (2003) a analysé les modalités et notamment, celle de la négativité d’obligation où chaque membre familial a la nécessité d’effectuer les opérations de rejet, de négation, de déni, de renoncement et d’effacement pour préserver un intérêt majeur de l’organisation psychique des sujets auxquels il est lié en un ensemble majeur.
Ainsi, pénétrer dans un lieu de vie privé où le vieillissement est associé à des conduites d’alcoolisation, a des conséquences. L’âgé va devoir se protéger de son assujettissement quotidien aux autres et par ailleurs, la professionnelle va devoir s’accommoder de l’aidé mais aussi de son entourage. Parfois, perçu comme s’opposant à l’aide familiale (Lavoie, Guberman, Montejo, &al., 2003), l’activité professionnel d’aide est souvent éprouvée comme une charge supplémentaire à la dépendance de l’âgé. De fait, les professionnelles sont souvent cantonnées par les proches au « matériel » (ménage, habillage et toilette) permettant ainsi pour ces derniers de garder un soutien affectif auprès de l’âgé. Ce n’est que lors de la progression du vieillissement et surtout de la maladie, que l’organisation est révisée générant ainsi, des conduites d’opposition fréquentes entre les proches et les professionnelles ayant comme fonction de revendiquer un droit légitime à l’accompagnement de l’âgé.Aussi, en feignant de projeter la responsabilité des difficultés vécues depuis longtemps sur la nouvelle venue, les familles s’autorisent à faire un choix de la relation ou de la place qu’elles veulent occuper vis-à-vis de leur parent. Ainsi en entrant dans l’intime de la famille, l’aidante professionnelle suscitera la libération d’une palette de comportements familiaux inconscients allant de la demande de réparation de l’âgé à la prise de distance plus ou moins conséquente vis-à-vis de l’aîné.
Les incidences de l’intervention de professionnels dans le groupe familial
L’aide à domicile : un relai d’accompagnement pour les familles
Pour les familles, accepter de l’aide, c’est à la fois reconnaître la maladie du parent, renoncer à la maîtrise totale de la situation, contribuer à une perte de liberté mais aussi, à se défaire de satisfactions à s’occuper de celui-ci.
Pour les professionnelles, elles soulignent dispenser un soutien aux aidants familiaux composé d’une palette de rôles qu’elles dispensent: un rôle de coachapportant une écoute, un soutien face aux difficultés rencontrées ; un rôle de décompresseur en effectuant à la place des aidants familiaux leurs tâches d’accompagnement ; un rôle d’accompagnateur faisant référence à la complémentarité des soutiens affectifs adressés au proche et enfin, un rôle de mobilisateur en transférant leurs compétences professionnelles auprès de l’aidant familial et en l’encourageant ainsi à un meilleur accompagnement de l’aidé (Lavoie, Guberman, Montejo, et al., 2003).
Des logiques d’accompagnement sont induites par la menace d’une séparation prochaine surcompensées par cette double dépendance.En effet, devant l’irrésolution de la situation, elles peuvent s’octroyer le rôle de substitut parental, peut-être la seule issue possible face aux sentiments de honte et d’impuissance des membres de la famille face à l’aidé qui s’alcoolise, et qui s’en les réduire, peut permettre un désengagement tout en évitant l’aggravation de conflits non élaborés. Dans ce contexte, l’impossibilité à accompagner l’âgé dans l’être ensemble familialinvite le proche à se désigner inconsciemment comme faisant problème dans le rôle du parent, dans un ultime mouvement de protection. Ainsi, dans un mouvement défensif pour résoudre la difficulté, la famille organisera la vie de la personne âgée en créant un rempart entre lui et elle, en incluant irrévocablementles professionnelles de l’accompagnement à domicile. C’est en effet ce qu’elles évoquent dans les études : elles côtoieraient si fidèlement et intimement les bénéficiaires, même au-delà des familiers, qu’elles ressentiraient le besoin de se considérer comme un « substitut parental »(Djaoui, 2011, p14) de parents défaillants. Elles sont alorsprésentes et permanentes contre les manifestations des conduites d’alcoolisation de l’âgé. Aussi, à ces confusions de rôle se confronte la réalité du contexte où malgré elles, elles savent que les situations de mésusage d’alcool sont quelquefois associées à une conduite radicalement ou progressivement abandonnique familiale. Ainsi le transfert des compétences individuelles vers un statut de professionnel car exempté de toutes formations en ce domaine, ne pourra s’inscrire que dans une logique de suppléance familiale (Galérand & Kergoat, 2008), nommée aussi comme le principe de familialisationpar certains auteurs (Guberman &Maheu, 2002). De plus, le retour de l’investissement et les efforts accomplis par ces professionnelles de l’aide sont assujettis à ne recevoir que peu de reconnaissance. Ainsi prendre soin de l’autre en l’accompagnant doit se résumer à la mise en place de savoir-fairesans attirer l’attention du bénéficiaire sous peine de le stigmatiser ses dépendances (Klein, 2003). En d’autres termes, le travail des aidantes s’inscrit sur un défaut de positionnement, une parfaite invisibilité professionnelle sans perspective de reconnaissance et dans une bipolarité identitaire induisant une substitution familiale (Molinier, 2006). Malgré cela, l’investissement personnel et professionnel dont elles font preuve se maintiendrait en raison du sens qu’elles attribuent à leur travailet du sentiment d’indispensabilitédont elles s’affublent(Gallerand & Kergoat, 2008) et où, les intimes personnelles familiaux et professionnels se mêleraient à la relation favorisant ainsi l’ambigüité des rôlesinduisant un bouleversement des repères identificatoires de soi et de l’autre, une confusion des rôles(Hosking, 2011).Les conduites inconscientes produites par les aides à domicile pourraient générer un « fantasme d’appropriation » des personnes âgées comme dans une clinique institutionnelle, induisant alors des représentations où sont enchevêtrés des sentiments d’amour et de haine (Fustier, 2004, p118). Les représentations projectives des aidantes seraient introduites dans un mouvement de réparation de la famille soutenue ou jugée défaillante par elles, ou alors dans une projection d’un jeu de relations personnelles à des fins de combler « un raté » antérieur avec son propre parent (Moscato &Varescon, 2015). Ainsi, cet acte professionnel d’accompagnement déposé à l’aide à domicile, en tant que « substitut de filiation », de par sa présence tenterade voiler aux proches la réalité vieillissante alcoolique du parent.
De l’appropriation à la réparation de la personne âgée
A contrario, certaines familles ont des comportements plus rigides vis-à-vis des conduites d’alcoolisation d’un des membres de sa parentèle. En effet, l’entourage peut se mettre à exiger un changement d’attitude de la part de la personne âgée en sommant l’aidante professionnelle par des comportements pressants dans le but de faire cesser sans délai les conduites dérangeantes de l’âgé (Moscato &Varescon, 2015)
En agissant ainsi, les proches aspirent à un dernier sursaut familial de restauration narcissique. En demandant à l’intervenant « la réparation » de l’ainé, elles espèrent trouver face à elles l’image d’un être « idéalement souhaité » par le système familial. De par ce jeu, les familles se déculpabilisent en renvoyant la responsabilité des difficultés qu’elles vivent aux aidants professionnels, tout en se protégeant afin de garder une place auprès de leur parent.
Partant de là, les exigences d’accompagnement demandées prennent souvent place dans un répertoire infantilisant et maltraitant pour le couple âgé/professionnels. Les surveillances, les rapports concernant les prises d’alcool, les autorisations de réprimande de l’âgé et bien d’autres attitudes sont demandées au professionnel, induisant alors un sentiment d’impuissance dans ce que l’accompagnant professionnel comprend de son métier, à savoir préserver l’autonomie de la personne tout en étant vecteur de bons soins et d’attitudes bienveillantes.
Nous voulons rappeler que le rôle d’aidant qu’il soit familial ou professionnel n’est pas inné et que dans les situations où ils sont assignés, ils ont été souvent désignés par le système familial ou la personne âgée elle-même. Dans l’acception implicite de cette fonction engageant des responsabilités, l’aidant peut alors exprimer par son comportement de se protéger de l’image en situation de faiblesse que l’âgé lui donne à voir afin de ne pas être emporté avec lui dans les ravages du vieillissement alcoolique.
Conclusion
La maladie alcoolique dans le vieillissement est une maladie qui déstabilise et qui questionne. Dans ce contexte, la relation entre famille, personne âgée et professionnel est souvent difficile à contenir. Beaucoup de mal-être, d’incompréhensions et de souffrances sont les signes de l’implication de toutes les ressources émotionnelles de chacun des protagonistes de la situation.
Devant le peu d’interventions de soutien auprès des familles, des intervenants du domicile et de l’institution dans ce contexte, envisager pour tenter de rétablir ou d’améliorer les relations, un maillage d’intervenants professionnels de réseaux de compétences gérontologiques et addictologiques pourrait avoir pour objectif de réinsuffler à chacun son espace et sa place dans l’accompagnement de l’âgé. En effet, la maladie alcoolique en tant qu’affection médico-psycho-sociale nécessite l’intervention d’un réseau professionnel afin d’éviter des ruptures d’accompagnement et la survenue de conflits tant professionnelle que familiale. Il convient également de réaliser, comme dans le vieillissement pathologique, une prévention de l’épuisement des ressources psychiques des différents intervenants de la situation (la personne âgée, familles, professionnels) et devenir une force thérapeutique pour penser et conduire l’âgé vers un désir d’apaisement des conduites d’alcoolisation, s’il le désire.
L’auteur ne déclare aucun conflit d’intérêt.
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